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Soit dit en passant

Refuser c’est mourir. Oui, et alors ?

3 Septembre 2018 , Rédigé par jcd

Refuser c’est choisir. Mais, vous offusquerez-vous, refuser n’est guère positif, ce n’est rien moins que du négativisme. Alors, pusillanimes se prétendant pragmatiques nous optons pour le moins pire, histoire de voir. Et nous voyons en effet. Et cela fait quelques années maintenant que nous contemplons le résultat de notre choix, qui n’en est pas un puisqu’il s’agissait juste de s’en laver les mains qui, ainsi demeureront propres au nom de la neutralité objective. Il existe des spécialistes dans tous les domaines et la carrière politique en est un de particulièrement juteux mais il y en a d’autres, jusque dans le secteur de la création dite artistique. Refuser c’est peut-être prendre le risque de n’avoir pas su choisir le ticket assurément gagnant alors qu’au bout du compte on doit constater qu’il eut été plus sage de s’assumer. On dit facilement oui plutôt que d’oser dire non. Dire non comme on dirait oui c’est affirmer une opinion, nous rassure-t-on, à cette différence près toutefois que la négation demeure catégorique alors que le oui s’accommode aisément du fait qu’on lui ajoute un mais qui laisse la porte ouverte au compromis, donc aux compromissions. Quant à l’opinion ainsi affirmée, dès lors qu’elle est positive, c’est-à-dire favorable, elle en vaut bien une autre pour qui toutes se valent et ont le droit de s’exprimer. Tandis que l’opinion négative n’est que défavorable, donc suspecte, voire dangereuse. Le refus, la négation ne sont pas constructifs, vous le savez bien, et d’ailleurs le non n’est-il pas dans les faits eux-mêmes destructeur. Les avant-gardistes, et d’autres moins officiellement innovants, ne clamaient-ils point qu’il faut du passé faire table rase ? Mais pas n’importe comment, car il est plus que légitime d’assurer ses arrières en sachant bien de quel côté vient le vent. Opportunisme me direz-vous, que nenni vous répondrai-je car il serait bien peu positif de le prendre de haut quand la marchandisation est plus que jamais auparavant l’objectif prioritaire et qu’il n’y a pas de honte à bien gagner sa croûte. Je parle de croûte alors que dans l’instant précédent j’avançais l’hypothèse ô combien fumeuse d’une création artistique gagnée par la marchandisation forcenée, mais c’est précisément que nous n’en sommes plus là, l’art contemporain n’a plus désormais pour ambition de se vendre pour quelques picaillons place du Tertre, il a su s’intégrer au système, mieux, il en est un des éléments moteurs et les Koons et autres Kapoor ont bien compris le sens de leur vocation. (Lire à ce propos l’excellent livre d’Annie Le Brun : Ce qui n’a pas de prix, paru chez Stock, dans lequel l’auteur s’illusionne peut-être exagérément lorsqu’elle affirme page 15 que le propos de Rimbaud continue de faire écho chez les très jeunes gens qui n’ont encore abdiqué sur rien, alors même qu’ils vénèrent très vite les substituts que la société leur fournit sans mégoter). Ce qui les différencie (Koons& Kapoor and Associated) de l’homme ordinaire tient dans ce mot : ils créent. Ce qui en vérité les rend comparables aux meilleurs de ces businessmen qui créent eux aussi, peu importe quoi d’ailleurs, dès lors que leur entreprise est cotée en bourse et que ses actionnaires sont satisfaits de leur investissement. Nos deux artistes contemporains – rassurons-nous, il en existe quantités d’autres tout aussi talentueux – probablement refuseraient de montrer leurs œuvres dans un quelconque salon pour débutants ou retraités, ils ne mangent pas de ce pain-là, eux. Qu’on leur donne donc de la brioche, clament les membres éminents d’une intelligentsia plus ou moins internationale qui n’ignore pas ce que le renvoi (d’ascenseur) signifie tandis que l’autre n’est le plus souvent qu’aigreur.
Certes certes, lorsqu’on refuse il se peut que l’on découvre a postériori ce que l’on a perdu, voire ce à quoi l’on a échappé. Alors qu’en ne refusant jamais on sait ce qu’on a gagné, à cette nuance près que l’on ignore si l’on ne jouait pas à qui perd gagne, et inversement.
Allez, je vous le refais ? Ha ha ha ha ha ha ha !

3 septembre 2018  

 

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