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Soit dit en passant

Est-ce bien raisonnable ?

23 Février 2019 , Rédigé par Jean-Claude Dorléans

Tout homme, que nous supposerons intelligent et lucide car je sais me montrer tolérant face à la bêtise la plus ordinaire qui s’affiche jusque dans les couches les plus élevées de l’énarchie, ne jure aujourd’hui que par les séries télévisées dont il fait une consommation effrénée au risque de ne plus être en mesure de constater le délabrement mental de son propre géniteur alors que celui-ci, pourtant, se targue d’être libéral. Les saisons se succèdent, comptant chacune une dizaine ou une douzaine d’épisodes et l’on en dénombre jusqu’à plus d’une quinzaine par jour, toutes chaînes confondues j’en conviens. Chaque épisode peut occuper l’esprit – je pouffe – durant près de deux heures, ce qui peut sembler quelque peu excessif si l’on considère qu’on lui injecte (je parle ici de l’esprit) jusqu’à deux ou trois de ces épisodes par jour, sans compter bien sûr les rediffusions. Le processus permet ainsi au consommateur d’ingérer jusqu’à neuf heures de pur chef d’œuvre s’il a eu la présence d’esprit d’enregistrer sur son disque dur les épisodes se chevauchant plus ou moins d’une chaîne l’autre. Quand on sait que les films de cinéma, lorsqu’ils débordent le temps moyen et idéal de 90 minutes au-delà duquel l’ennui et le besoin de se rendre aux toilettes se font plus pressants, il est aisé de comprendre la vocation du procédé de rediffusion. D’aucuns se révèlent envoûtés par la succession de salons, bureaux et couloirs où nous est narré ce qui s’est produit quelques minutes plus tôt mais que nous n’avons pu voir parce qu’il importe de savoir demeurer concis, suivi de ce qui se produit à l’instant même dans un lieu situé ailleurs à quoi succède l’énoncé de ce qui devrait se dérouler le lendemain, on peut évidemment déduire l’impérieuse nécessité qu’il y a à se concentrer sur un nombre d’épisodes n’excédant pas la douzaine par saison, sinon le téléspectateur risque de décrocher, quand bien même fût-il particulièrement ouvert à l’extrapolation sans laquelle la poésie du prochain ouvrage d’Alain Juppé peut lui demeurer incompréhensible ou à tout le moins hermétique.
Ne devrions-nous pas nous inquiéter du fait que les administrateurs qui prétendent gouverner ce pays à grand renfort de lois, quitte à ce que celle qui vient d’être promulguée n’est que redondance au regard de celle la précède car il n’est hélas pas impossible que nous ne puissions échapper à la trop fameuse loi des séries. Scénaristes, dialoguistes, cinéastes qui furent quelquefois géniaux, gardez-vous à droite et gardez-vous à gauche, la médiocrité vous cerne, fuyez !

23 février 2019

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