Sur l’air du Verseau
Hello les mecs, hello les filles, la nouvelle m’est tombée dessus il y a peu, alors même que je terminais mon verre de blanc d’Oingt et que, la bouteille ayant rendu l’âme, je m’apprêtai à entreprendre la dégustation d’une bouteille de beaujolais rouge qui n’a pas , je le reconnais, les qualités de finesse et de subtilité de son collègue blanc mais c’est peut être lié au moment de le journée car il y a un temps pour tout et il est réconfortant de savoir que le rouge trouve son plein épanouissement lorsqu’il a été précédé par quelque(s) verre(s) de blanc. Au-delà il s’agit toutefois de préciser que ce genre d’expérience ne doit jamais et sous aucun prétexte de prétendue curiosité ou de non moins prétendu œcuménisme être tentée avec n’importe quel jaja, au risque d’une détérioration à jamais des papilles qui sont irremplaçables, tous les esthètes vous le diront, et je me flatte d’en être.
La nouvelle, mais de quelle nouvelle prétend-il nous entretenir, soupire le chœur que la déshydratation menace de rendre aphone, ce qui ne serait pas un mal car j’en ai par-dessus la tête d’être constamment interrompu. La nouvelle serait donc que nous allons d’ici peu entrer dans l’ère du Verseau et il paraît que ce pourrait être terrible alors que les heureux bénéficiaires de ce signe zodiacal sont, le plus souvent, de très aimables compagnons. De beuverie, ajoutent sournoisement de mauvaises langues que la jalousie conduit à proférer n’importe quoi puisqu’il est essentiel d’avoir payé sa tournée pour avoir son mot à dire, tous les ivrognes vous le confirmeront, et s’ils ne le font pas c’est que leur verre est vide.
Or donc, nous voici sur le point de bénéficier de l’influence de ces individus qui seraient nés entre le vingt janvier et le dix-huit février, l’année important peu, à ceci près toutefois que 1938 me semble un excellent millésime mais il est évident que tout un chacun ne saurait bénéficier d’un semblable privilège. J’ai écrit semblable afin d’afficher ma courtoisie mais il est bien évident qu’il conviendrait d’affirmer combien cet honneur ne peut être qu’unique et ne s’attribuer en aucun cas au commun le plus ordinaire.
L’ère du Verseau s’annonce pour très bientôt puisqu’il est peu probable qu’un quelconque événement à caractère manifestement catastrophique ne soit envisageable dans les jours à venir alors même que les individus qui décident du cours de notre existence n’ont, pour l’instant, laissé deviner leur intention de mettre un terme à ce moment de béatitude qui nous est accordé et permet à chacun d’entre nous de savourer son bonheur d’être encore en vie et de se gorger des fariboles que des margoulins leur assènent à longueur de journées.
L’ère du Verseau pourrait fort bien se révéler encourageante à poursuivre encore le peu de chemin qui s’ouvre devant nous quand rien encore ne nous avait conduit à imaginer la probabilité d’une possible rémission, fût-elle temporaire voire momentanée, de ces contrariétés qui en conduisent plus d’un à se tourner vers la solution de facilité du suicide. Mais attention, il n’y en aura pas pour tout le monde. Seuls quelques-uns seront choisis pour profiter de cette alternative, les autres devront se satisfaire de ces illusions que leur procurent passagèrement l’abus d’alcool et la fornication frénétique en compagnie de n’importe quel(le) partenaire de location. Il y aura naturellement quelques introduits qui sauront bénéficier de ce présent à consommer sans attendre sans qu’il faille pour autant en tirer des conclusions désobligeantes quant à leur vénalité. Quelques noms viennent à l’esprit, déjà célèbres pour leurs performances antérieures, nous nous garderons bien de les dénoncer afin de ne point nous exposer à des sanctions qui seraient à l’image de ceux-là mêmes qu’il convient de craindre, à défaut de les respecter. Approchons-nous de la scène où le spectacle sera donné en représentation unique, accrochons-nous à notre fauteuil de peur qu’on nous l’ôte avant que d’y avoir posé notre fessier et apprêtons-nous à applaudir les grimaces de ces pantins dont on nous vante régulièrement les dons ou les exploits.
Cela ne saurait désormais tarder, l’ère du Verseau va débuter et gare à ceux qui auront négligé de prendre leur ticket au préalable. Encore quelques instants à attendre dans la fébrilité qui précède les grands événements, il semble que l’on entende déjà la mélodie, les paroles suivront et, tous en chœur nous chanterons l’air du Verseau : J’ai du bon tabac dans ma tabatière, j’ai du bon tabac et tu n’en auras pas… et c’est bien fait pour ta gueule , espèce de pauvre gros con.
28 novembre 2020