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Soit dit en passant

Tout dépend de ce que l’on entend par état d’urgence

8 Octobre 2016 , Rédigé par JCD

– Dommage, j’aurais bien continué encore un peu, déplorait l’insupportable vieillard qui continuait de grignoter ses biscuits en fichant des miettes partout et en bavant. – Non, là ce n’est plus possible dans l’état où vous êtes, rétorque l’homme en blouse blanche, déjà que nous manquons de lits… – Mais un seul, il ne m’en faut qu’un seul, et puis je ne suis pas exigeant, vous avez dit vous-même qu’il valait mieux arrêter les soins vu que vous avez tout essayé. Inutile de s’acharner, ce sont vos propres mots, je n’invente rien… – Eh bien justement, soyez raisonnable, il y en a d’autres qui attendent et qui sont en droit d’espérer. – Alors que moi, non. C’est bien ça, hein ? Si j’étais président de quelque chose, on tenterait l’impossible… – L’impossible, l’impossible, ça ne veut rien dire l’impossible, ce sont des mots juste bons pour les écrivains de romans d’aventures… – Pourtant, moi j’aurais bien continué encore un peu, histoire de voir comment les choses vont se passer pour le vieux de la chambre voisine, et puis je ne demande pas la lune, une semaine, quinze jours, ou peut-être jusqu’au printemps, j’aimerais bien revoir le printemps une dernière fois, ou deux si la chance est de mon côté, et sentir le parfum des marronniers en fleurs quand la fenêtre est ouverte et qu’on entend le klaxon des voitures sur le boulevard, ou le souffleur de feuilles à l’automne, j’aime bien l’automne aussi, ça fait quelques mois supplémentaires, avant les fêtes de fin d’année… – Il faudrait que vous réalisiez que vous êtes en fin de vie et qu’il ne vous reste plus grand-chose à attendre, autant dire rien, dans fin de vie il y a le mot fin, c’est celui-là qui compte parce que la vie vous l’avez déjà eue. – Ouais, la vie, parlons-en, je ne suis même pas monté à la Tour Eiffel, alors l’Empire State Building encore moins, rien du tout, j’aurais bien droit à une session de rattrapage avec un prix de consolation, Claire Chazal par exemple si Sharon Stone n’est pas disponible, et puis il y a le voyage, moi je ne peux pas trop me déplacer… – Bon, excusez-moi monsieur Sardou… – Saindoux, comme le saindoux s’il vous plaît. – Oui, j’ai d’autres patients à voir, ma journée n’est pas terminée, on en reparle dès que possible.
Il quitte la chambre. – Ah ! Denise, foutez-moi celui-là en coma artificiel. Oui oui, tout de suite.
octobre 2016

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M
J'aime beaucoup le ton et le pessimisme me convient tout-à-fait. C'est en général le ton de mes nouvelles.<br /> Cordialement<br /> "Les cimetières sont éclairés au néant" Pierre Dac
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C
La seule trouille devant la mort, c'est qu'après ce soit encore pire.<br /> "Tant qu'on a la santé " comme disait ma concierge., on redemande toujours un petit rab.
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J
Décidément on aura tout vu dans ce putain de siècle car voilatipas que ce seront les gens de goche qui choisiront qui de l'un ou de l'autre sera le bon candidat de la droite. Comique et consternant à la fois.<br /> Mais ils nous diront que c'est évidemment pour faire barrage à LePen…Affligeant, d'autant qu'on leur a déjà fait le coup. Triste époque !
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J
Et comme dirait ce bon La Fontaine qu'aurait revisité Pierre Capron :<br /> <br /> <br /> Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,<br /> Sous le faix du fagot aussi bien que des ans<br /> Gémissant et courbé marchait à pas pesants,<br /> Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.<br /> Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,<br /> Il met bas son fagot, il songe à son malheur.<br /> Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?<br /> En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?<br /> Point de pain quelquefois, et jamais de repos.<br /> Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,<br /> Le créancier, et la corvée<br /> Lui font d'un malheureux la peinture achevée.<br /> Il appelle la mort, elle vient sans tarder,<br /> Lui demande ce qu'il faut faire<br /> C'est, dit-il, afin de m'aider<br /> A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.<br /> Le trépas vient tout guérir ;<br /> Mais ne bougeons d'où nous sommes,<br /> Il faudrait pas calancher<br /> Sans savoir, des deux compères,<br /> Qui de Sarko ou Juppé<br /> Remportera la primaire !
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