Pardon, vous avez du feu ?
Plus ou moins régulièrement et particulièrement aux États-Unis où la possession d’armes est une sorte d’art de vivre, un homme entre dans un lieu où il sait qu’il trouvera un certain nombre de ses congénères et défouraille avant, dans la plupart des cas, de se faire justice, comme on aime à dire, afin de conclure brillamment sa performance. Il peut s’agir d’un adolescent, voire d’un enfant, d’un policier si la ou les victimes sont noires. On invoquera généralement la folie dès lors que l’intéressé n’est plus en mesure d’apporter la moindre contradiction à une hypothèse que l’on préférera juger plausible.
Ne nous leurrons pas, si demain la vente d’armes à feu devient légale, voire encouragée, dans notre belle démocratie républicaine que ses dirigeants ne cessent de prétendre améliorer – l’arrivée en nombre toujours plus important de migrants [réfugiés politiques, climatiques ou simples crêve-la-faim] amènera forcément le pouvoir en place à faire de tels choix – les conséquences seront les mêmes et la quantité de déséquilibrés ne fera que croître, ici comme ailleurs. L’immigration fournira un excellent et confortable prétexte, quand bien même les statistiques affirmeraient qu’elle n’est à l’origine de ces tueries qu’en deuxième ou troisième position.
Car le déséquilibré pourrait bien n’être rien d’autre qu’un individu fortement contrarié par le fait qu’il est, par exemple, chômeur avéré depuis bientôt plus de trente ans, qu’il est seul, dort dans la rue et fouille les poubelles pour se nourrir. Il pourrait aussi, pour peu qu’il persiste à assumer son devoir de citoyen électeur, se trouver fort dépité en vérifiant, quel que soit le candidat auquel il a donné sa voix, que le seul changement notable se fait toujours à son désavantage alors qu’il doit bien se trouver quelqu’un pour qui c’est profitable. Il pourrait encore, poussé par le dégoût, révolté par le mensonge et l’arrogance de ceux qui parlent en son nom, constater que la violence de ses propres mots ne suffit décidément pas et qu’il n’existe qu’un unique moyen d’exprimer sa colère qui le satisfasse.
Lorsque l’injustice est par trop criante, lorsqu’on en arrive à se dire que les hommes qui prétendent connaître les solutions à tous les problèmes socio-économiques – qui ne font qu’accroître jour après jour les inégalités entre ceux qui ont tout et ceux qui n’ont rien – ne sont en vérité qu’irresponsables, incompétents doublés de crapules cyniques inexcusables, sans nul doute est-il nécessaire, urgent, inévitable d’opter pour des méthodes autrement expéditives.
Lorsque l’apathie, l’inertie, autant dire le consentement idiot, semblent n’être aujourd’hui la seule attitude mûrement réfléchie de la plupart des victimes, force est d’admettre qu’il ne reste désormais plus rien à attendre ni même à espérer. Chaque individu assez lucide devrait être en mesure de comprendre que le seul remède, pour le bien de tous, est maintenant de tirer dans le tas.
Et ne venez pas me raconter des histoires de déséquilibré… mais prévenez vos gendarmes que je serai armé !
décembre 2015