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Soit dit en passant

Modeste pantalonnade de circonstance

4 Février 2020 , Rédigé par Jean-Claude Dorléans

 

 

 

 

Mon collègue de bureau Alain Sagault m’ayant transmis le texte de Régis de Castelnau intitulé Les violences policières sont toutes des violences illégitimes dans lequel l’auteur fustige les forces de sécurité intérieure en des termes bien peu amènes dont on aimerait qu’ils fussent utilisés pour brocarder les manifestants qui n’en finissent pas de saccager nos édifices prestigieux, nos avenues qui disent combien nous devons au baron Haussman d’avoir embelli notre capitale qui, sans lui, n’offrirait au regard affligé des passants que le triste spectacle de coupe-gorge tout juste bons à dissimuler quelques va-nu-pieds toujours à la recherche de mauvais coup à commettre au détriment de l’honnête citoyen, lequel peut fort heureusement recourir à l’assistance dévouée du bien nommé gardien de la paix sans qui l’existence s’avèrerait très vite invivable. Tentons d’imaginer ce que serait la moindre bourgade privée de la surveillance des forces de police, nous osons à peine car c’est une vision d’horreur à laquelle nous voici confrontés, partout des brigands, des voyous qui ne survivent qu’en pillant, volant, détruisant ce qu’ils sont incapables d’acquérir à la sueur de leur front, comme le fait le travailleur intègre et dévoué à son employeur. Saluons ces vaillants protecteurs de l’ordre républicain que les extrémistes de gauche eux-mêmes consentirent à honorer (ne doit-on point à Guy Mollet la création des Compagnies Républicaines de Sécurité  que les anarchistes de mai 68 dénigrèrent en les qualifiant de SS ?).
Ne les nomme-t-on point précisément forces de l’ordre dès lors que nous ne pouvons ignorer ce que signifie le désordre, la chienlit ainsi que l’avait qualifiée un général célèbre qui avait bouté l’envahisseur hors de France. Sans ordre aucun train, aucun avion ne partiraient à l’heure et nous l’avons pu vérifier durant cette période où le pouvoir s’était laissé confisquer l’ordre, précisément par une poignée de trublions excités n’ayant aucun sens des responsabilités lorsqu’il s’agit de faire fonctionner une nation digne de ce nom.Il est aisé et ô combien confortable de vilipender des hommes sans qui le pays sombrerait dans la gabegie la plus effrénée et où nul citoyen digne de ce nom ne se sentirait impliqué dans l’avenir de la République.
Prenons exemple sur les enfants de la monarchie britannique qui s’engagèrent dans les forces armées pour combattre le nazisme tandis que d’autres, assez peu éloignés géographiquement, ne répugnaient guère à collaborer avec l’occupant. Prenons exemple sur ces vaillants pilotes de bombardiers qui n’hésitèrent pas lorsque la liberté de chacun se vit menacée à couvrir l’Allemagne d’un million de tonnes de bombes, détruisant trois millions et demi de logements ainsi que nous le raconte W.G.Sebald dans cet ouvrage qu’il a sobrement intitulé De la destruction comme élément de l’histoire naturelle. Certes certes, six cent mille civils y perdirent la vie mais ne portaient-ils pas la responsabilité de la Shoah ? Y compris les enfants, m’interrogerez-vous ? Sans nul doute puisque le fils est l’héritier de son père à qui il doit d’exister et de vivre dans un pays libre qui sera plus tard l’un des principaux fondateurs de l’Europe et probablement la meilleure illustration de ce que peut être le libéralisme international, après les Etats Unis bien entendu.
Sans cesse il convient de défendre la démocratie et de combattre pour elle. C’est à ce titre que nos forces de l’ordre indiquent à tous le sens de la marche et il faut savoir se garder de suivre ces quelques esprits aventureux qui tentent de convaincre les plus crédules d’entre nous de reculer de plusieurs siècles à la recherche d’enthousiasmes dérisoires et surfaits. Bien entendu, les choix ne sont pas toujours identiques pour l’individu dès lors qu’on lui a inculqué ou non les bases les plus élémentaires de la vie en société et il est parfois malaisé de frapper à coups redoublés de matraque quiconque pourrait être son frère, son fils ou même son père. Il leur faut garder à l’esprit le sens du devoir et de l’efficacité, il ne saurait être question de s’attendrir et de se laisser déborder par les sentiments, quels qu’ils soient. Le métier exige de la discipline et de la volonté, une volonté de faire lr mieux possible le travail pour lequel on a été choisi puisqu’il en va tout autrement pour le bureaucrate confortablement installé à son bureau, voire pour l’employé de banque à qui ne se pose évidemment pas la question de savoir à qui appartient la tête sur laquelle il va devoir diriger sa grenade de désencerclement. Le choix suppose des obsèques, notait Alain Bosquet qui était poète.
On voit par là combien la différence peut s’avérer importante entre le sergent de ville ordinaire mais dubitatif et le passant plus ou moins forcément coupable et cela pourrait expliquer un manque ponctuel d’empathie entre l’un et l’autre, l’autre ayant toujours tort. Surtout s’il s’agit d’un maghrébin louche, ou même d’un ouvrier, mais le cas est plus rare puisque nous avons réussi à nous en débarrasser.

Gabriel Delarue-Faidherbe, 4 février 2020

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C
Et pourtant , la profession la plus touchée par la mortalité par suicide est, sans surprise, le métier de policier. Avec 40 à 55 suicides chaque année, la France monte sombrement sur la troisième place du podium, en ce qui concerne le taux de suicide dans la police en Occident. Ce taux élevé concernerait surtout les jeunes policiers de moins de 36 ans, non préparés « au stress particulièrement intense » des métiers de la police. Allez comprendre ?.
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