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Soit dit en passant

… voici des roses blanches, toi qui les aime tant…

15 Août 2018 , Rédigé par jcd


Bambino, souillant ses couches dans la plus jouissive béatitude, je prévoyais pourtant déjà que la vie, donc la mienne principalement et même essentiellement, ne serait sans doute pas ce que d’honnêtes gens puisqu’ils furent mes parents tentaient de me faire croire avec des gouzi-gouzis sur le bidon. Je pressentais différentes sortes de torgnioles qu’un avenir encore incertain confirma avec plus ou moins d’ingéniosité. De fins psychologues – chacun fait ce qu’il peut pour s’occuper – déclarèrent sans vergogne que j’allais être rapidement l’un de ces foutus pessimistes qui rendent l’existence impossible au plus obstiné des imbéciles sans qu’il faille y voir une insolente prédisposition à gâcher une assez ordinaire soirée dédiée à la dégustation des rutabagas. Certes, j’admets volontiers l’apparition fortuite de quelques instants de félicité durant lesquels le maréchal et ses collègues de la Vermacht ne parvinrent même pas à saboter les prédictions prudemment rassurantes de Geneviève Tabouis. La chasse au Juif s’organisait et les résultats dépassèrent de loin les pronostics les plus optimistes. Pierre Desproges dut attendre encore de longues années avant de pouvoir déclamer dans un fracas de consternation son fameux On me dit que des Juifs se sont glissés dans la salle, qu’il sut tempérer d’un inénarrable Vous pouvez rester, permettant aux meilleurs d’entre nous de pousser enfin un soupir de satisfaction car nous ne sommes pas d’ignobles antisémites mais il importe néanmoins de deviner au préalable qui va gagner. Pure stratégie que l’on qualifia un peu plus tard d’électorale. Comme n’importe quel crétin travaillé dès son réveil par le souci de se rendre utile, fut-ce a minima, à l’impressionnante congrégation des opportunistes bafouillant leurs convictions à géométrie variable grâce à quoi on a toujours une chance d’avoir raison, je me lève chaque matin et absorbe une quantité de nourriture et de liquide censés me permettre d’atteindre l’heure du déjeuner sans devoir faire appel à la clope pour refouler l’irrépressible habitude de manger. Depuis toujours en somme ce processus m’habite et que l’on ne vienne pas me sortir je ne sais quel argument de taille plus que respectable au nom de quoi on devrait s’interdire de parler la bouche pleine, ce serait nier la fonction du borborygme qui est quand même ce que l’on a inventé de plus performant pour ne rien dire sans risquer de prendre position, alors qu’il en existe de multiples quantités dont celle dite du missionnaire fait toujours recette puisqu’il suffit pour cela de se coucher, sur le dos de préférence, et d’attendre. La position dite de la sodomie passive tend à gagner en popularité auprès d’adeptes qui aiment à consentir, sans doute parce que l’actif est derrière et ne se dissimule guère, dès lors que la loi est de son côté tandis que nous l’avons toujours dans le dos. Leur nombre (celui des sodomites passifs) ne cesse de croître et ils semblent ne s’apercevoir de rien pourvu que l’équipe la meilleure gagne, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’on la dit la meilleure. Il arrive parfois que sourde une certaine gène, notamment lorsque l’estomac s’avère encombré de flatuosités importantes voire davantage. On observe alors que le vent forcit et qu’il faut hisser la grand voile, qu’un gros grain se prépare et que le moussaillon doit s’attendre au pire puisque la traversée sera longue et les escales peu nombreuses. Hemingway, ou un autre, soutenait qu’il existerait une femme dans chaque port alors que d’autres, aujourd’hui, déclarent qu’il y a un porc dans chaque homme. On voit le paradoxe mais allez donc savoir qui a raison.
J’ai depuis lors rencontré le père de ma fille qui est fort vraisemblablement beaucoup moins détestable qu’on ne le prétend. C’est un individu qui peut paraître charmant lorsqu’il n’est pas ivre-mort. Quelques-uns soutiennent qu’il est un bon peintre ajoutant toutefois qu’il faut le voir pour le croire, d’autres qui ont déjà d’énormes difficultés à se soutenir eux-mêmes le sacrent volontiers poète et voient en lui le Rimbaud ou le Teilhard de Chardin du vingt et unième siècle, un postulat probablement excessif puisqu’ils n’ont jamais rien lu de Rimbaud, quant à l’autre je ne m’y fierais pas, avec un nom pareil.
Voilà donc une journée, un dimanche de surcroît, qui sent déjà bon l’ennui, pour peu qu’il pleuve et qu’il me faille sortir pour acheter cinq cents mètres de fil de fer barbelé afin que les choses soient claires entre mon voisin et moi, qui n’est pas plus juif qu’un autre mais on devine ces jours-ci qu’il y a quelque chose dans l’air, il suffit de voir Laval à la télévision. Et on a beau me dire que tout ça c’est du passé dont il faut faire table rase, à quoi je rétorque : oui mais qu’est-ce qu’on mange ?

12 août 2018

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