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Soit dit en passant

Un Pirotte, sinon rien !

13 Janvier 2018 , Rédigé par jcd

Une fois encore je me suis retrouvé dans la dramatique situation de celui-là même qui n’a plus rien à lire au moment où il s’apprête à se glisser dans les toiles afin d’y affronter la nuit et ses insomnies impromptues. Une seule solution existe en dehors de celle qui consiste à sombrer dans l’alcool : relire tout Autin-Grenier, Pirotte, Thomas Bernhard et comparses afin de tenir encore plusieurs jours dans l’attente d’un miracle. La méthode a fait ses preuves et permet d’affiner la connaissance que nous croyions avoir de l’écriture de ces bougres-là mais, reconnaissons les faits, le plaisir de la première fois en est quelque peu émoussé notamment quand la supercherie se répète trop souvent. Plus désabusé que n’importe quel individu ne parvenant plus à se persuader qu’il suffit de marcher du pied gauche dans la première crotte de chien venue pour que certain braillard radiophonique se taise à jamais, je me résignai par un soir dont la noirceur sinistre n’était pas sans évoquer le possible retour de Balladur à rechercher sur mon ordinateur s’il n’y aurait pas quelque part un titre pour moi encore inconnu de l’un de ces auteurs dont le désespoir magnifique m’incite à penser que je ne suis peut-être pas seul à rêver d’euthanasie généralisée. L’eschatologie à laquelle je souscris le plus volontiers parviendrait même à me débloquer occasionnellement un rictus de satisfaction, certes temporaire mais néanmoins non négligeable. Les joies, aussi modestes soient-elles, ne sont-elles pas des joies, malgré tout ?
Car voilatipas que je découvre un Jean-Claude Pirotte dont j’ignorais jusqu’à l’existence, le soleil va donc se lever à onze heures du soir sur l’arrivée prochaine de Traverses, pages de carnets tenus en 2010/2011 par l’auteur alors qu’il séjourne dans une maison de douane désaffectée, au cœur de «la France avilie par un certain Sarkozy.» Pirotte y établit, me dit-on, de troublants parallèles avec ce livre de Léon Werth, Déposition, écrit entre 1940 et 1944 dont je vérifie illico qu’il est absent de mes rayonnages à l’endroit où se trouvent déjà quatre autres ouvrages de cet auteur, et que donc j’achète immédiatement. Il ne me reste plus qu’à attendre la livraison avec la certitude de m’offrir très bientôt quelques instants de lecture, garantis merveilleux par la grâce de deux écrivains dont l’absence est criante dans le panorama de la littérature aujourd’hui proposé, puisque je renonce à faire la moindre  réclame en faveur de plumitifs, lesquels me confortent une fois encore dans mon désir d’euthanasie plus ou moins généralisée.

13 janvier 2018

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