N’en parlons plus !
Encore vous ? Mais vous n’avez donc rien de plus intéressant à faire que de venir m’importuner un dimanche matin ? Allez donc à la messe, foutredieu ! jouez au Loto ou au Tiercé, regardez un match de foot, masturbez-vous en admirant Claire Chazal à la télé, ou sinon, pour le cas où vous auriez décidé de dédier votre existence aux écrivains véritables qui défèquent leur roman bimestriel ou le tome cinq de leurs souvenirs ô combien palpitants, sachez que tout a déjà été raconté sur ces gens-là, il suffit de recopier, confiez cette besogne à votre secrétaire en échange d’un petit séjour aux Baléares, cela vous ferait vraisemblablement beaucoup de bien d’aller vous aérer les neurones (dont on ne vantera jamais trop les étonnantes possibilités, renseignez-vous !) plutôt que de venir perdre votre temps et me faire perdre le mien à l’heure même où je m’apprêtais à dégoupiller une bouteille de blanc. Évidemment, vous préféreriez sans doute du café, ou du rosé, vous avez une tête à boire du rosé… Ici on ne consomme pas ce genre de choses, c’est interdit par le corps médical et devrait l’être par la loi. Vous voulez savoir quoi ? Ce que j’ai mangé hier ? Une barquette de spaghettis bolognaise surgelés, absolument délicieux, sept minutes au micro-ondes avec une bouteille de Côte de Brouilly de Laurent Charrion et un morceau de Camembert industriel. Dans tous les cas de figure les mets les plus raffinés comme les machins usinés chez MacDo finissent en caca, y compris dans les toilettes des meilleurs restaurants. Il n’y a que l’addition qui change. Et à part cela, me direz-vous avec un point d’interrogation sinon votre question n’en est plus une. C’est là une fonction essentielle de la ponctuation dont les imbéciles s’imaginent sans le moindre complexe pouvoir se passer et je vous soupçonne d’être de ceux-là. À part cela ? Rien de rien, si ce n’est le trépas de quelques sommités intellectuelles du moment bien qu’elles ne fussent point de première fraîcheur, ce qui tend à prouver toute l’élasticité du moment qui, parfois, peut durer d’interminables dizaines d’années. Quelque chose de palpitant, peut-être ? Non, vraiment, je ne vois pas. La vie est souvent d’une ennui parfois mortel, c’est d’ailleurs ce qui rend son cours plus ou moins inattendu et justifie donc que l’on s’y intéresse, je parle ici de la mienne à laquelle je consacre une grande partie de mon temps, sauf bien sûr lorsqu’un quelconque importun s’en vient me rappeler l’urgente nécessité de garnir mon environnement immédiat d’une solide meute de chiens féroces et furieux.
Non, sérieusement, à part cela si je puis dire sans redondance, au terme de cet entretien des plus fructueux, pour vous du moins je l’espère, je crois que nous pourrions en rester là car il ne me semble pas le moins du monde nécessaire de poursuivre quand l’essentiel au moins a été abordé et décortiqué afin que vos précieux lecteurs n’en ignorent, dans le pire des cas, rien de plus que les commentaires qu’il vous plaira d’y ajouter sans toutefois vous y croire tenu.
16 décembre 2017