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Soit dit en passant

Impossible de laisser cet endroit aussi propre que nous eussions aimé le trouver en entrant

20 Avril 2016 , Rédigé par JCD


Je suis d’un naturel plutôt accommodant, à tel point que lorsque je suis invité quelque part où est déjà présent un individu que je vais détester dans le premier quart d’heure, je reste néanmoins, par politesse. Si la personne, indubitablement de sexe féminin, qui semble l’accompagner se révèle instantanément d’une troublante beauté ma haine pour lui ne fait que grandir, mais j’en déduis très vite la tragique frivolité qui aura poussée l’infortunée à partager l’existence d’un tel crétin. Soucieux de m’épargner autant que possible ce type de consternation j’ai pour principe de refuser toute proposition qui risquerait de m’entraîner dans un traquenard dont je ne pourrais m’échapper qu’en exigeant que l’invitant me raccompagnât sans perdre une seconde jusque chez moi où m’attend le silence complice. Certes, je ne puis ignorer le babillage la plupart du temps insipide de mon convoyeur, sans parler des mésaventures auxquelles je m’expose dès lors que la vigilance du conducteur est des plus douteuse en raison même de la difficulté où il se trouve de mener de front deux activités totalement incompatibles : réfléchir et conduire. J’admets volontiers l’incongruité du terme réfléchir dès lors qu’il s’agit essentiellement d’aligner banalités et lieux communs, mais je me suis défini dès l’entrée comme une personne exceptionnellement accommodante, voire affable. Voilà pourquoi je suis convaincu qu’il serait de beaucoup préférable d’utiliser les services d’une chauffeur dont c’est le métier et d’éviter ainsi d’occuper stupidement la place du mort, d’autant que les candidats à cette apothéose ne manquent pas.
Autrement, que dire d’autre qui ne me porte durablement (?) préjudice, ne fut-ce qu’auprès des imbéciles et des salauds, mais que reste-t-il d’autre ? Répéter que je vomis, quitte à m’en irriter l’œsophage et me souiller la bouche, toutes les religions sans aucune exception et tous ces culs-bénits qui vont avec dans le seul but de fanatiser jusqu’à plus soif ni faim des générations d’idiots crédules ; qu’empruntant sans vergogne à Aragon, j’ai bien l’honneur, chez moi, dans ce livre, à cette place, de dire que, très consciemment, je conchie l’armée française dans sa totalité et, ajouterai-je, tout ce qui porte uniforme, s’arme de grenades, de matraques, de fusils et blesse, éborgne, tue au nom de l’ordre républicain sur lequel, sans votre permission, je me plais à cracher ; que je dégueule sur ces montagnes de fric déjà sale que se sont appropriés définitivement les mafiosis de la phynance sur quoi concomitamment je dégueule ce qui me reste encore de dégoût et de glaires en prenant grand soin d’asperger généreusement, pataugeant dans ce cloaque, les serviteurs d’état corrompus, complices et profiteurs diplômés, décorés, redorés, souteneurs de leurs épouses patrimoniales. Est-il bien nécessaire, ni même utile, d’ajouter à ce conglomérat d’ordures et de débiles mentaux ces milliardaires en short qui gagnent leur vie avec leurs pieds, leurs poings ou leur cul pour que jouissent bruyamment des hordes d’atrophiés du cortex cérébral ; n’est-il pas préférable de s’efforcer d’ignorer ce magma où tentent encore de faire parler d’eux quelques prétendus philosophes, artistes, écrivains, cinéastes tous plus grotesques les uns que les autres dont la médiocrité s’étale et se répand à la une de médias aux mains de crapules pour qui toutes les opinions se valent et le prouvent par tous les temps et sous tous les régimes ; n’est-il pas venu le moment où il faut oublier toute cette saleté puante, tout ce vacarme, fermer les portes et tirer le volets, puis cesser à jamais de s’imaginer capable de troubler, d’émouvoir un seul de ces homuncules bernés dès la naissance, abdiquer enfin toute espèce de prétention et, pour finir le moins salement possible, renoncer et se taire, comme le font les bêtes qui pressentent qu’il est tard maintenant, trop tard.
Ma tolérance à ses limites mais s’épargner est quelquefois reposant, surtout quand l’avenir est visible à l’œil nu. Et puis que dire encore qui ne soit redondance et complaisance un peu merdeuse lorsqu’on aimerait juste tirer la chasse et que tout disparaisse dans les profondeurs d’un égout gigantesque où quelques bulles seulement s’en viendraient crever en surface, libérant des flatuosités odorantes.
Juste mes salutations aux baigneurs !
avril 2016

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C
Après lecture il ne reste plus qu'a nous réfugier sur une île déserte comme le père Crusoé.<br /> Comme l'a prédit Malraux notre époque est religieuse,avec ses rituels ses grands prêtres boursiers ses adorateurs du foot et de la petite reine., ses prophètes de bazar. <br /> Nous avons la fabuleuse chance de vivre la fin de règne de notre civilisation. Carpe diem profitons bien de nos derniers instants.<br /> <br /> <br /> PS;Infâme maraud, merci pour le "babillage" de tes convoyeur bénévoles qui te tractent après des soirées trop arrosées par des chemins tortueux jusque ta tanière.Enfin nous règlerons cela de vive voix en gentlemans .
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